Actualité juridique pénale
Mutineries en prison : l’administration pénitentiaire choisit la fermeté
Depuis l’annonce du confinement dû au coronavirus, une trentaine d’établissements ont fait face à des violences ou des dégradations cette semaine.
Une traînée de poudre. Depuis l’annonce du confinement du au coronavirus, les mutineries se sont multipliées en prison tout au long de la semaine. Une trentaine d’établissements, sur 187 que compte la France, ont été perturbés, notamment par des refus de remontées de promenades, parfois accompagnées de violences et de dégradations, comme à Grasse, Béziers, Draguignan, Lille-Sequedin ou Le Mans. Dans la journée de samedi, sept prisons, dont les maisons d’arrêt de Nanterre ou des Baumettes se sont enflammées, obligeant les ERIS, les forces spéciales pénitentiaires, à intervenir. Dimanche matin, l’administration pénitentiaire totalisait quinze gardes à vues et annonçait des comparutions immédiates pour ce début de semaine. Avec l’accord des parquets, la pénitentiaire souhaite adresser un message de grande fermeté aux détenus en affirmant que mesures disciplinaires et réponses judiciaires seraient au rendez-vous, malgré le ralentissement de la vie des juridictions.
Fausses rumeurs
Cette stratégie paraît d’autant plus nécessaire que l’administration pénitentiaire fait fasse à une recrudescence des fausses rumeurs et des incitations à la rébellion circulant sur les réseaux sociaux – et notamment Snapchat – qui entretiendraient volontairement la peur et la sédition dans le but de déstabiliser la détention. De sources pénitentiaires, «ces messages viendraient plutôt de l’extérieur de la détention, seraient plutôt vagues sur les modes opératoires à suivre mais encouragent l’idée que plus il y aura de mouvements, plus de détenus seront libérés».
Dans le même temps, la conférence nationale des procureurs, en accord avec les juges de l’application des peines, jeudi dernier, ont proposé à la Chancellerie d’accorder des remises et des crédits de peine supplémentaires aux détenus qui afficheront un comportement exemplaire durant le confinement. De quoi aussi diminuer la pression de la surpopulation carcérale, en permettant la libération anticipée des détenus en fin de peine. Cette mesure en cours de discussion pourrait figurer dans les ordonnances de la semaine prochaine.
Date: 22 mars 2020
Titre: Le Figaro
Auteur: Paule Gonzalès
Photo: Franck Dubray / Ouest France
Catégorie: Actualité juridique pénale