Actualité juridique pénale
Insultes sexistes et racisme ordinaire dans le groupe WhatsApp d’une brigade de police
C’est un groupe WhatsApp qui réunit des collègues : 33 policiers de la Bdep du 8e arrondissement. Plusieurs mois d’échanges décortiqués par StreetPress : ça cause apéro, boulot… Et cela illustre le sexisme et le racisme banalisés dans la police.
C’est assez banal en entreprise : un groupe WhatsApp réunit la quasi-totalité des salariés. On y cause un peu boulot, un peu apéro. StreetPress a le sien, la Brigade des délégations et des enquêtes de proximité (Bdep) du 8e arrondissement de Paris aussi (1). Nous avons pu accéder à cette conversation et éplucher huit mois d’échanges entre 33 fonctionnaires de police.
L’essentiel des messages est anodin. L’un prévient d’un retard quand un autre propose de se jeter un godet en fin de service. Il y a aussi quelques moments drôles. Comme quand un gradé débarque depuis un service voisin. C’est le branle-bas de combat : enfilez vos uniformes ! « En général, on était en civil dans nos bureaux », explique à StreetPress un gardien de la paix. Ou ce commentaire au moment de l’arrivée de Gérald Darmanin à l’Intérieur :
« – Il a quand même une affaire de viol, d’agression sexuelle et d’abus de confiance…
On peut aussi y lire les sujets qui minent le moral des bleus: les dossiers qui s’accumulent, le désamour des Français…
Racisme trop ordinaire
La conversation généralement assez anodine est ponctuée de propos qui oscillent entre les blagues de très mauvais goût, notamment à caractère raciste et des propos carrément haineux. Ces échanges sont très minoritaires (41 conversations du type recensées par StreetPress sur les huit mois que nous avons épluchés). À une seule reprise, l’auteur des propos douteux est modéré par un autre participant. L’échange a lieu en décembre 2019. Un nouveau fonctionnaire vient d’intégrer la brigade. À partir de son nom, il faut lui trouver un surnom, jugent les collègues. « Penotcchio ? », tente l’un. Pas de réaction. Avant qu’un autre ne propose « Pen-Auschwitz ». Franc succès cette fois pour cette référence au camp d’extermination nazi (le fonctionnaire en question serait maigre). Un collègue commente :
« Oh le nom d’enkulé [smiley pleure de rire] »
Le pseudo est adopté, mais quand le lendemain un gardien de la paix l’emploi, sa supérieure – une major – réagit :
« Euh… Steph vaut mieux éviter ! »
Le surnom sera ensuite malgré tout à nouveau employé ponctuellement.
Date: 27 Octobre 2020
Titre: StreetPress
Auteur:
Photo: StreetPress
Catégorie: Actualité juridique pénale