Actualité juridique pénale
Marie Acab, la femme la plus détestée des policiers
Elle est une légende des commissariats. Celle qui aux yeux des forces de l’ordre personnifie « la haine anti-flic ». Amélie H., alias Marie Acab, est l’objet de messages d’insultes et de menaces de mort par centaines. Contre-enquête.
Une histoire se murmure chez les policiers de toute la France. Une femme, la vingtaine, planque devant les commissariats pour ficher les flics. Elle aurait traîné des jours durant au tribunal de grande instance de Paris ou face aux commissariats du 16e et du 17e arrondissement de Paris. On l’aurait aussi aperçue près de l’hôtel de police de Bordeaux. Elle est surnommée « la chasseuse de flics ». Elle cristallise l’attention des forces de l’ordre. Et les fantasmes. Sa tête et ses faits d’armes, réels ou prétendus, tournent sur les groupes WhatsApp ou Facebook des bleus. StreetPress a consulté des centaines de ces posts. Cette femme a bien une existence réelle et elle a accepté de répondre aux questions de StreetPress. Elle s’appelle Amélie H. Un peu partout en France, cette étudiante et militante a connu les manifestations, puis les interpellations, les gardes à vue, les jugements jusqu’aux barreaux des prisons. Sur les réseaux sociaux, Amélie est plus connue par son surnom : Marie Acab.
En mai 2019, elle est condamnée pour complicité d’outrage. À l’époque, elle poste des photos de policiers sur sa page Facebook et déclare détenir des identités et des adresses de policiers. En décembre 2019, la militante de 22 ans est à nouveau très lourdement condamnée pour harcèlement. Pour ses avocats, il s’agit d’une décision « très politique ». D’autres plaintes la visent encore. Un véritable « harcèlement et acharnement judiciaire » pour le site du collectif Désarmons-les, qui le premier a évoqué son histoire. Cette histoire et les fantasmes qui l’entourent ont très largement nourri la demande d’interdiction de diffuser les visages de policiers. Une disposition de la loi dite de “sécurité globale” finalement retoquée, qui pourrait revenir dans le cadre d’un autre texte.
Car Marie Acab obsède véritablement de très nombreux policiers. Sur les réseaux sociaux, certains se déchaînent. StreetPress s’est procuré plus de 500 captures d’écrans de Facebook ou WhatsApp évoquant l’étudiante. Dans le lot, d’innombrables propos haineux, sexistes jusqu’à des appels aux meurtres ou au viol rédigés par des fonctionnaires de police. Plusieurs fonctionnaires parisiens, mais aussi un policier en poste dans l’Est de la France ou un autre installé en Provence rapportent à StreetPress des propos similaires entendus dans les couloirs des commissariats. Amélie est devenue la femme la plus détestée des policiers de France.
Date: 22 février 2021
Titre: StreetPress
Auteur: Ronan Maël
Photo: StreetPress
Catégorie: Actualité juridique pénale