Actualité juridique pénale
« Cogner du singe, un passe-temps exceptionnel » : des écoutes accablent des policiers de la CSI 93
Quatre policiers de la CSI 93 (Seine-Saint-Denis) étaient jugés, jeudi 3 juin 2021 devant le tribunal de Bobigny pour violences et faux et usage de faux.
« On va essayer de faire plus propre, laisser un temps mort entre chaque bavure (rires). J’avoue, cogner du singe (sic), c’est un passe-temps exceptionnel. » Ces propos, violents, racistes et glaçants viennent percuter le silence monacal de l’audience qui se tenait, jeudi 3 juin 2021 au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis).
A la barre, quatre policiers de la CSI 93, compagnie d’intervention et de sécurisation déjà au cœur de nombreuses affaires. Ils sont soupçonnés d’avoir rédigé un faux procès-verbal pour couvrir une bavure lors d’une intervention au Blanc-Mesnil.
Une compagnie sur écoute
Les faits, qui remontent au 23 janvier 2020, auraient pu passer sous les radars de la justice si l’IGPN n’avait pas placé les vestiaires de la compagnie sur écoute pour une autre affaire datant de mai 2019. A l’époque, des fonctionnaires sont soupçonnés d’avoir frappé et accusé à tort de trafic de stupéfiants deux jeunes hommes à Saint-Ouen et maquillé leurs méfaits par un faux procès-verbal.
Les écoutes permettent de déterrer une vingtaine d’affaires similaires concernant la compagnie -certaines refermées faute de preuves- dont celle qui occupe le tribunal jeudi 3 juin. « On a ici un dossier au nom sulfureux avec cette étiquette de CSI. Il plane une forme de suspicion sur tout fonctionnaire du service », met en garde Me Gabet, avocat de plusieurs policiers de la CSI 93, dont Rémy V. mis en cause ce jeudi.
Faux procès-verbal
Le 23 janvier 2020, les quatre policiers de la section 2 Bravo sont en patrouille dans la cité des quatre tours au Blanc-Mesnil. Vers 17h20, ils identifient un groupe d’individus qu’ils soupçonnent de trafic de stupéfiants. Le groupe prend la fuite à l’arrivée de la patrouille. A proximité de la scène, Mohammed S. attend un ami devant un hall d’immeuble pour partir en soirée. Les policiers décident de le contrôler alors qu’il est fortement alcoolisé.
Le contrôle tourne à la bavure. Romuald S., 33 ans, qualifié de « jeune loup » par son avocate, est accusé de lui avoir donné, sans raison, des coups au visage. Seul Rémy V., chef de groupe, est présent avec lui dans le hall lors de l’intervention. Loïc D., le conducteur est dans la voiture quand Julien E. sécurise le parvis de l’immeuble. L’équipage décide dans un premier temps de laisser Mohammed S. sur place. Mais quelques minutes plus tard, ils font demi-tour pour l’interpeller.
Date: 4 juin 2021
Titre: Actu.fr
Auteur: Dorine Goth
Photo: Côté Quimper
Catégorie: Actualité juridique pénale