Deux des placiers jugés pour racket de commerçants sur l’un des plus importants marchés d’Île-de-France ont assuré lundi n’avoir touché qu’une poignée d’euros de pourboire par commerçant, lors du premier jour de leur procès à Versailles.
L’affaire a débuté en 2013 par une lettre anonyme. L’enquête, classée pour infraction insuffisamment caractérisée, a été relancée en 2014 à la suite d’un article du Canard Enchaîné.
Les nombreux témoignages de commerçants, faisant «allusion à une mafia, à la terreur qui règne», ont été majoritairement recueillis sous couvert de l’anonymat, par crainte des représailles. Des camions de commerçants ont été incendiés pendant l’enquête. «J’ai fait trente mois de détention et je n’ai jamais été confronté aux personnes me mettant en cause», déplore Karim S. à la barre.
«Pourquoi ces personnes chercheraient à vous nuire?», lui demande un juge. «Je ne sais pas. Je m’entendais super bien avec eux», répond le prévenu. «Faisiez-vous peur?», questionne Didier Seban, avocat de l’actuelle mairie DVD, partie civile. «Non, du tout», assure Karim S. L’avocat cite un commerçant qui dit avoir payé plusieurs milliers d’euros pour obtenir une place. «Il ment», dit Karim S.
«Faire passer des messages»
Un troisième placier, au casier judiciaire vierge contrairement aux autres, a raconté lundi que la juge des libertés et de la détention avait assuré «le protéger» en le plaçant en détention provisoire. «On m’a dit que si je sortais, on allait penser que j’avais parlé». Les larmes lui montent aux yeux quand il évoque ses «six mois de détention». La prison comme «premier contact» avec la justice, c’est «très violent», reconnaît la présidente. «Dans ce dossier, beaucoup de gens s’inquiètent de qui a bien pu fournir l’information», souligne-t-elle.
Parmi la dizaine de courriers anonymes, certains évoquent une possible approbation de l’ancien maire de Mantes-La-Jolie et actuel président LR du conseil départemental, Pierre Bédier. L’argent serait notamment utilisé pour financer des campagnes municipales. Entendu pendant l’enquête, M. Bédier n’a pas été mis en cause.
«Cette histoire de donner de l’argent aux élus est vraie ou pas?», demande un juge. «C’est faux», affirme Karim S. Pour Me Steeve Ruben, avocat de Taoufik E., des «considérations politiques» éclairent le dossier. Selon lui, «l’opposition municipale» a pu «vouloir faire passer des messages» en période d’élections.
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- Date: 28 novembre 2022
- Titre: Le Figaro
- Auteur: Le Figaro / AFP
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- Catégorie: Articles de presse