L’isolement des narcotrafiquants est un effet d’annonce, balaie l’avocat Steeve Ruben, spécialiste des dossiers de trafics de stupéfiants.
Pour lutter contre les « narcos » qui sèment la mort et engrangent des profits depuis leur lieu de détention, le nouveau ministre de la Justice souhaite placer les profils les plus dangereux dans des conditions d’isolement drastiques. Une idée accueillie avec beaucoup de réserves par les avocats comme les magistrats.
Ministre de la Justice depuis une semaine, Gérald Darmanin entend rétablir une certaine idée de l’ordre dans les prisons en menant une guerre ciblée contre les narcotrafiquants. Du moins ceux qui continuent de gérer leurs affaires depuis leur lieu de détention. L’intention est louable mais la méthode fait déjà polémique. « J’ai demandé à l’administration pénitentiaire de me faire la liste des cent plus grands narcotrafiquants écroués (…) et nous les mettrons à l’isolement, comme on le fait pour les terroristes », a déclaré le nouveau locataire de la place Vendôme dans les colonnes du Parisien ce week-end.
« Il s’agit encore d’un effet d’annonce, balaie l’avocat Steeve Ruben, spécialiste des dossiers de trafics de stupéfiants. Il existe déjà un statut, encadré par le code pénitentiaire, de détenu particulièrement signalé (DPS). Le nombre de personnes incarcérées sous ce régime a d’ailleurs été revu à la hausse depuis l’évasion de Mohamed Amra. » Ce statut de DPS implique bien souvent un placement en quartier d’isolement où les détenus sont incarcérés en cellule individuelle sans aucun contact physique avec leurs codétenus.
Regarder en face le problème de la corruption
« Le problème de fond est pourtant parfaitement identifié, reprend Steeve Ruben. Il s’agit de la présence de moyens de communication illicites permettant d’échanger depuis l’intérieur de la prison vers l’extérieur. Pour lutter contre ça, 1l faudrait à la fois des moyens techniques comme le développement des brouilleurs téléphoniques et la mise en place de filets au-dessus des établissements pénitentiaires pour éviter la livraison de colis par-dessus les murs ou par drones. Et puis, il faudrait aussi regarder en face le problème de la corruption de certains agents de l’administration pénitentiaire ».
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- Date: 29 décembre 2024
- Titre: Le Parisien
- Auteur: Ronan Folgoas
- Photo: Le Parisien/Frédéric Dugit
- Catégorie: Articles de presse