Actualité juridique pénale
A Béziers, trois policiers municipaux en garde à vue après la mort d’un homme
Le 8 avril dernier, Mohamed Gabsi, 33 ans, était mort après son interpellation lors d’un contrôle lié au confinement. La version des agents est contredite par les déclarations de plusieurs témoins.
La police municipale de Robert Ménard à Béziers (Hérault) a-t-elle une responsabilité dans la mort d’un homme de 33 ans interpellé le 8 avril dernier lors d’un contrôle lié au confinement? Ce jeudi matin, selon nos informations, trois agents municipaux sont en garde à vue depuis 8h30 dans les locaux du service régional de police judiciaire (SRPJ) de Montpellier. Le parquet de Béziers a confirmé ces gardes à vue dans le cadre de l’information judiciaire ouverte le 18 avril dernier pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique » et pour « non-assistance à personne en péril ».
Selon nos informations, la version que les policiers ont donnée sur PV et en audition au mois d’avril dernier est contredite par l’audition de certains témoins. Un dossier particulièrement sensible. Dans cette ville, le rôle de la police municipale armée et plébiscitée par le maire proche du Rassemblement national, est controversé.
Ce soir-là, vers 22 heures, une patrouille composée de trois agents de la police municipale, a décidé de contrôler Mohamed Gabsi qui se déplaait à pied. L’homme, condamné à 8 reprises depuis 2005 pour des violences et des vols, a-t-il été reconnu par les policiers ? Selon nos informations, Mohamed Gabsi s’était laissé contrôler sans difficulté le 31 mars et le 6 avril par la police municipale qui l’avait verbalisé pour défection d’attestation liée au Covid. Mais ce 8 avril, il était en possession d’une attestation dérogatoire horodatée à 17 heures.
La justice cherche à déterminer les conditions de l’interpellation et celles de son transport dans la voiture de la police municipale.
Père de trois enfants
Menotté et allongé sur le ventre dans le véhicule, Mohamed Gabsi ne respirait plus à l’arrivée au commissariat, et n’a pas pu être réanimé. Le seul décès en France à la suite d’un contrôle anti-covid à notre connaissance.
Selon les policiers municipaux, la victime aurait « refusé le contrôle et adopté à leur encontre un comportement très agressif, justifiant de procéder à son interpellation ». Ce Biterrois, sans emploi et père de trois enfants, souffrant de schizophrénie, aurait alors « résisté fortement et longuement à l’interpellation » et il aurait été difficile de le menotter et de « le faire entrer à l’arrière de leur véhicule en le maintenant sur le ventre ». Un quatrième policier municipal aurait participé au chargement de Mohamed Gasbi dans le véhicule avant qu’un de ses collègues ne s’assoit sur les fesses de l’individu encore très excité dans le but de le maintenir jusqu’au commissariat » avait expliqué dans un communiqué le procureur de la république de Béziers, Raphaël Balland, sur la foi des déclarations des agents.
Date: 17 Décembre 2020
Titre: Le Parisien
Auteur: Jean-Michel Décugis
Photo: Le Parisien/Olivier Boitet
Catégorie: Actualité juridique pénale