Actualité juridique pénale
Blanchi par l’IGPN, un policier soupçonné de radicalisation porte plainte contre Christophe Castaner
Suspecté après la tuerie à la préfecture de police de Paris, cet officier musulman porte plainte devant la Cour de justice de la République contre l’ancien ministre de l’Intérieur. Sa suspension n’était pas fondée sur «des éléments factuels et concrets», selon l’Inspection générale de la police nationale.
Hervé C., policier musulman aux états de service irréprochables, a-t-il été sacrifié sur l’autel d’un «principe de précaution exacerbé», selon l’expression de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ? Ce capitaine de police judiciaire avait été suspendu le 28 octobre 2019, aux lendemains de l’assassinat de quatre fonctionnaires de la préfecture de police de Paris (PP) par un collègue radicalisé, le 3 octobre. Selon les informations de Libération, cet officier de 41 ans, lavé de tout soupçon par l’enquête administrative de la police des polices, a déposé plainte contre le ministre de l’Intérieur de l’époque, Christophe Castaner, pour «discrimination à raison de l’appartenance à une religion déterminée» et «harcèlement moral», devant la Cour de justice de la République (CJR).
«Nous avons estimé que ces infractions remontaient à la plus haute strate de la hiérarchie et donc à monsieur Castaner, le décisionnaire de ces mesures totalement critiquables de désarmement, de suspension et de réintégration qui n’est autre en réalité qu’une mutation», expliquent à Libé ses avocats, Mes Hélène Jouny et Anass Khafif. Locataire de la place Beauvau au moment des faits, c’est Christophe Castaner qui a pris l’arrêté de suspension de fonctions de Hervé C., le 28 octobre 2019, puis celui de sa fin de suspension, le 26 février 2020. Une réintégration automatique au bout de quatre mois, faute d’éléments à charge.
«Contradiction manifeste et choquante»
Pour rappel : avant d’être écarté officiellement, ce policier de la brigade d’exécution des décisions de justice (BEDJ) – chargée de traquer des personnes condamnées tentant d’échapper à leur peine – avait été désarmé et contraint de poser ses congés, le 10 octobre, dans un climat tendu, entre peur d’une menace endogène et suspicion généralisée. Cette décision faisait «directement suite à l’audition de monsieur Christophe Castaner par la commission des lois du Sénat, du même jour», affirme la plainte adressée mardi à la CJR et consultée par Libération. Ebruité dans la presse dès le 8 octobre, le cas de cet agent de la «PP», converti à l’islam et pointé du doigt par des collègues, avait en effet été abordé lors de cette audition. «C’est un dossier qui n’est pas connu, sur lequel nous avons demandé une enquête immédiate, flash, pour comprendre», répondait alors le ministre, se voulant par ailleurs rassurant sur tout risque de dérive ou de stigmatisation. «Chacun sait ici que personne ne fait de lien entre la religion musulmane et le terrorisme», avait-il affirmé.
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Date: 22 novembre 2021
Titre: Libération
Auteur: Chloé Pilorget-Rezzouk
Photo: Ludovic Marin / AFP
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