Actualité juridique pénale
Hausse des violences entre jeunes : une impression, assure le sociologue Laurent Mucchielli
Derrière ces violences, il y a des « histoires concrètes humaines », souligne-t-il, dénonçant une « panique politique et médiatique ».
L’augmentation des violences entre jeunes, « c’est une impression », a assuré ce mercredi 10 mars Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherche au CNRS, auteur notamment de l’ouvrage La délinquance des jeunes. « J’ai dû connaître une douzaine de ces épisodes de panique politique et médiatique, où tout à coup à partir de deux ou trois faits divers un peu plus graves que d’habitude on met le projecteur sur quelque chose ». D’après lui, il faut « sortir de l’espèce de surréaction et d’immédiateté parce que le résultat est toujours le même », à savoir l’annonce de renforts de police. « C’est tout à fait incompatible avec le travail de fond », qui est nécessaire d’après le sociologue.
Franceinfo : Est-ce que les rixes et violences entre jeunes se multiplient ces derniers temps ou est-ce une impression ?
Laurent Mucchielli : C’est une impression et c’est classique. Ça fait 25 ans que je fais ce métier, j’ai dû connaître une douzaine de ces épisodes de panique politique et médiatique, où tout à coup à partir de deux ou trois faits divers un peu plus graves que d’habitude on met le projecteur sur quelque chose. Et du coup, on est en alerte permanente sur tout ce qui paraît en rapport avec ça, on le fait remonter à la Une. Alors qu’en réalité ça se produit toutes les années et tout au long de l’année. Le problème c’est de venir plaquer des interprétations générales sur des faits divers qu’on ne connaît pas en plus, puisqu’on veut toujours parler dans les heures qui suivent un fait divers, alors qu’on ne sait encore rien du tout. On verra dans des semaines, voire dans des mois, le résultat des enquêtes de police judiciaire qui nous diront le pourquoi du comment dans des histoires concrètes humaines. Dans les premières interviews que je faisais il y a une quinzaine d’années, on me disait déjà : est-ce que ce n’est pas plus violent ? C’est toujours les mêmes choses qui reviennent.
Au-delà des embrouilles, il y a parfois des morts comme on l’a vu récemment en Essonne.
Ça arrive. Quand il y a un fait divers, ça choque tout le monde, c’est normal. Mais statistiquement la mort, de même que le recours à des armes à feu, c’est très, très rare en réalité.
Si c’est un phénomène qui existe depuis des années, cela signifie que les politiques mises en place ne sont pas les bonnes ? Que faudrait-il faire pour vous ?
Je pense que la première chose serait de sortir de l’espèce de surréaction et d’immédiateté parce que le résultat est toujours le même.
Date: 10 mars 2021
Titre: France Info
Auteur: France Info
Photo: Pierre Robert / MAXPPP
Catégorie: Actualité juridique pénale