Actualité juridique pénale
Magnaud, le « bon juge » qui refusait de condamner les pauvres
En 1898, un juge de l’Aisne acquitte une jeune mère de famille ayant volé un pain pour ne pas mourir de faim. Dans les années qui suivront, il prononcera de nombreux autres jugements remarqués, avant un passage décevant en politique.
La récente décision du tribunal correctionnel de Lyon de relaxer les « décrocheurs » du portrait officiel d’Emmanuel Macron a fait resurgir la notion d’« état de nécessité » en même temps que le souvenir d’un juge qui tenta d’imposer cette notion dans les prétoires près d’un siècle avant son inscription dans le droit : Paul Magnaud.
Le 4 mars 1898, ce dernier va sur ses cinquante ans et occupe depuis un peu plus d’une décennie le poste de président du tribunal correctionnel de Château-Thierry (Aisne) quand comparaît face à lui une jeune blanchisseuse au chômage de 22 ans, Louise Ménard, sa mère et un petit garçon à charge. Pour mettre fin à 36 heures de jeûne, elle a volé un pain de trois kilos à un boulanger de sa famille : quand les gendarmes sont arrivés, quelques minutes plus tard, il n’en restait déjà quasiment rien. Elle passe, note le tribunal, pour « bien notée dans sa commune, […] laborieuse et bonne mère ».
Date: 9 décembre 2019
Titre: Retronews
Auteur: Jean-Marie Pottier
Photo: WikiCommons
Catégorie: Actualité juridique pénale