Condamné à trois ans de prison pour avoir détruit des mâts de vidéosurveillance fin novembre à la Petite-Hollande, un jeune du quartier a recouvré la liberté ce jeudi soir en attendant son jugement en appel, mis en délibéré jusqu’au 1er juillet.
Certaines des images avaient fait le tour de France. On y voyait un engin de chantier défoncer des mâts de vidéosurveillance sous les vivats des jeunes du quartier sensible de la Petite-Hollande. L’humiliation de trop pour les autorités, alors que les violences urbaines et les batailles rangées avec les forces de l’ordre se succédaient depuis des mois. « Dans ce contexte politique, il fallait un coupable », juge Randall Schwerdorffer, l’un des deux ténors du barreau, avec Steve Ruben, qui se sont attelés à démonter l’enquête de police. Et peut-être d’instiller le doute dans l’esprit des juges. Car pour les avocats de Yanis Labidi, « on a construit un scénario » afin de le mettre en cause.
Les vidéos présentées sous forme de montage
Un scénario suffisamment crédible, aux yeux du tribunal de Montbéliard, pour conduire à la condamnation, mi-mars, du jeune homme de 21 ans à trois de prison ferme avec mandat de dépôt pour le saccage organisé à l’aide d’un engin volé sur un chantier voisin. Mais ce jeudi, le dossier se rejouait devant la cour d’appel de Besançon.
À nouveau, le déroulé de cette fin d’après-midi du dimanche 22 novembre a été projeté, à travers une succession d’images issues des réseaux sociaux ou des caméras avant qu’elles ne soient détruites. « Mais cette vidéo est un montage qui doit démontrer que l’hypothèse est la bonne, c’est scandaleux ! », proteste Randall Schwerdorffer.
« Ce n’est pas moi sur la vidéo »
L’hypothèse ? Le conducteur encagoulé de l’engin de destruction qui fut ensuite incendié serait le même homme qui circulait au volant d’une Clio RS noire. Un véhicule retrouvé ensuite dans le garage de Yanis Labidi, déjà connu de la justice auparavant, et qui nie toute responsabilité. « Ce n’est pas moi sur la vidéo », clame l’intéressé, qui assure ne pas avoir été sur place. « Son téléphone borne dans le secteur », opine l’avocat général, qui, lui, « n’a aucun doute qu’il soit l’auteur des dégradations ». Il s’appuie notamment sur un bas de survêtement spécifique et une sacoche Vuitton qui seraient de nature à confondre le jeune homme.
« Il y a un truc qui cloche… »
« Le problème, c’est que le jogging saisi a deux bandes blanches latérales et pas une comme le conducteur. Et il est faux de dire que la sacoche de mon client est la même que celle de l’homme sur la vidéo », pointe Randall Schwerdorffer. Lorsque son confrère Steve Ruben ironise sur la téléphonie, insistant pour dire que les données démontrent juste que Yanis Labidi se situait dans le secteur de la Petite-Hollande.
Les deux avocats de la défense se sont également étonné que l’homme défini comme le conducteur de l’engin soit vu boitant fortement, courant parfaitement juste après. « Le dossier est fait de détails et à chaque instant, on nous en prive », image Steve Ruben, lequel entend déconstruire le faisceau d’indices ayant conduit à Yanis Labidi. Et, tonitruant, il lâche : « Ah, le meilleur, c’est quand même le policier qui se rappelle a posteriori qu’il a contrôlé Yanis dans cette fameuse Clio RS noire en octobre. Sauf qu’il précise qu’elle était immatriculée en WW alors que, vérification faite, la date de première mise en circulation est le 9 novembre. Il y a quelque chose qui cloche… »
La cour d’appel s’est donnée jusqu’au 1er juillet pour savoir si oui ou non, elle confirmerait le jugement de 1re instance. En attendant, la défense a obtenu la remise en liberté du jeune homme, qui demeure placé sous contrôle judiciaire. Suscitant les larmes de joie de ses proches.
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- Date: 20 mai 2021
- Titre: Est Républicain France
- Auteur: Sébastien Michaux
- Photo: Lionel Vadam
- Catégorie: Articles de presse