La victime, un père de famille qui avait eu des démêlés avec la justice par le passé, s’était bien réinsérée, d’après son entourage. Des violences urbaines ont éclaté entre jeunes et forces de l’ordre dans le quartier des Beaudottes.
C’était un « mec bien », « un père de famille qui s’était rangé des voitures » et qui « essayait de s’en sortir ». C’est le portrait que nombre d’habitants du quartier des Beaudottes, à Sevran (Seine-Saint-Denis), dressent de Jean-Paul, tué d’une balle par un policier de la brigade anticriminalité (BAC), samedi 26 mars. L’homme d’une trentaine d’années était au volant d’une camionnette volée. Les circonstances exactes du drame restent encore floues. Des échauffourées ont éclaté dans la ville de Sevran et la commune voisine d’Aulnay-sous-Bois les deux nuits qui ont suivi.
Une dizaine de véhicules incendiés, des barricades enflammées, un bus de la RATP dérobé puis brûlé, des poubelles en feu, des jets de projectiles sur les forces de l’ordre… Seize personnes, dont quatre mineurs, ont été interpellées durant le week-end, a indiqué le ministère de l’intérieur. Parmi eux, trois ont été déférées en comparution immédiate, six cas ont été transmis au parquet et un classé sans suite. Six garde à vue pour des dégradations et des violences envers les forces de l’ordre étaient en cours lundi, a précisé le parquet de Bobigny. Mardi, Gérald Darmanin a indiqué dans un tweet que les forces de l’ordre avaient encore appréhendé treize personnes lundi soir.
Les événements du week-end ravivent les tensions entre jeunes et forces de l’ordre qui minent le quotidien de cette cité de quelque 10 000 habitants.
« C’est très tendu ici aujourd’hui, il vaut mieux partir », alerte un jeune homme en trottinette. A ses côtés, un habitant compare les faits avec le décès d’Adama Traoré, jeune homme de 24 ans mort sur le sol de la caserne de Persan (Val-d’Oise), en juillet 2016, à la suite d’une interpellation musclée par les gendarmes : « Une bavure, encore une, encore un policier qui a dû paniquer, et encore des syndicats de police qui, pour se couvrir, salissent la mémoire du mort en ressortant son casier judiciaire, fulmine-t-il. Il s’en sortait, je vous dis ! C’était derrière lui tout ça ! »
« Un seul coup de feu »
« C’est vrai, affirme l’avocat de la victime, Me Steeve Ruben, qui représentait Jean-Paul depuis une dizaine d’années. Il avait passé son permis poids lourd, monté une entreprise, fait une formation au Canada, il avait trouvé sa voie. S’il a eu pas mal de démêlés avec la police, pour des affaires de vols, il ne devait plus rien à la justice, cela faisait deux à trois ans qu’il n’avait plus aucune procédure en cours. ».
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- Date: 29 mars 2022
- Titre: Le Monde
- Auteur: Louise Couvelaire
- Photo: Pixabay
- Catégorie: Articles de presse