Le rappeur de Boulogne est au cœur d’une épreuve d’éloquence, ce vendredi à la fac de Nanterre (Hauts-de-Seine). Avec la participation de son véritable avocat…
Booba jugé à Nanterre : faux tribunal mais vrai concours
Quel est le point commun entre Molière, Dark Vador et Talleyrand ? Avoir été jugé par la Fédération francophone de débat et les clubs de débats « Révolte-toi Nanterre » et « Révolte-toi la Sorbonne ». Deux clubs qui, ce vendredi, organisent, à l’université de Nanterre, le procès fictif d’une figure issue des Hauts-de-Seine : le rappeur Booba.
A tour de rôle, des étudiants présélectionnés lors de différents concours rivaliseront d’éloquence pour accabler ou, au contraire, plaider la cause de la star du rap français.
Justement, quels sont les faits reprochés au Duc ? « La misogynie de certains de ses textes, sa façon de dicter sa loi à l’ensemble du rap français, ou encore son approche du métier parfois jugée trop mercantile », énumère Ménélas Kosadinos, qui incarnera l’un des procureurs. Face à lui, trois étudiants enfileront la robe pour assurer la défense du rappeur. « Charge à eux de démontrer que les reproches qui sont faits à l’artiste ne sont pas pertinents », lâche l’étudiant en première année de sciences politiques à la Sorbonne.
Des avocats renommés : Steeve Ruben…
Le jury sera composé d’hommes politiques, d’auteurs et de pénalistes de renom, comme Me Francis Szpiner, Steeve Ruben ou encore Yann Le Bras, véritable avocat de Booba à la ville. Des ténors du barreau qui n’ont pas hésité longtemps avant d’accepter l’invitation.
« J’ai été flatté qu’on fasse appel à moi, glisse Maître Ruben. Et puis je ne me voyais pas refuser sachant qu’étant jeune, je suis moi-même passé par ces concours d’éloquence… » Des concours que son confrère Yann Le Bras se réjouit de voir se démocratiser. « Trop longtemps, l’éloquence a été accaparée par les notables, relève-t-il. C’est donc une bonne chose de voir l’université s’en emparer. Je suis enthousiaste à l’idée d’aller à la fac de Nanterre avec la perspective de voir éclore une graine de champion… »
C’est d’ailleurs tout l’intérêt de ces grands procès fictifs. Des audiences toujours très suivies : en décembre 2015, le procès de Dark Vador, au Grand Rex, avait attiré plus de 3 000 curieux. « L’objectif, c’est de se former à la prise de parole en public et d’apprendre à construire un argumentaire, décrypte Georges Milolo, 23 ans, étudiant en Master 1 et président de « Révolte-toi Nanterre ». Enfin, l’idée est aussi de promouvoir l’art oratoire tout en s’amusant ».
Booba, « ça le fait marrer »
Dans cette optique, le nom de Booba est presque apparu comme une évidence. « Après Napoléon, Jésus ou Talleyrand, on voulait un personnage qui parle davantage à notre génération, avance George Milolo. Et pour tout dire, le choix de Booba s’est fait presque naturellement tant il est sujet à discussion… »
A la fin, c’est le jury qui scellera le sort du rappeur. Le verdict l’expédiera aux oubliettes ou, à l’inverse, l’enverra au Panthéon du hip-hop. Mais d’ailleurs, que pense l’intéressé de ce procès fictif ? « Ça le fait marrer, confie Me Le Bras. Et puis il n’est pas inquiet puisque c’est moi qui préside le jury… »
« Au tribunal, j’ai rien à craindre, j’ai maître Le Bras » clame l’artiste dans ses titres. Réponse ce vendredi soir, à 20 heures, dans l’amphithéâtre B1 de la fac de Nanterre.
Le grand procès de Booba, vendredi 6 avril à 20 heures, 200, avenue de la République. Entrée libre.
Source : www.leparisien.fr
- Date: 5 avril 2018
- Titre: Le Parisien
- Auteur: David Livois
- Catégorie: Articles de presse