Cinq ans de prison pour avoir orchestré un trafic de drogues entre Avallon et Clamecy. Son avocat a tout fait pour tenter d’atténuer la durée de la peine prononcée.
Les faits
Le prévenu a 29 ans. Il est poursuivi pour transport, détention, acquisition, offre ou cession de produits stupéfiants. Son trafic s’opérait entre Clamecy (Nièvre) et Avallon. C’est dans ce secteur que l’homme avait plusieurs clients à qui il fournissait cocaïne, cannabis et ecstasy.
Tout au long de la procédure d’instruction, l’homme a nié les faits. Mais, ce jeudi 9 juillet 2020, devant la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire d’Auxerre, l’homme reconnait « les faits qui [lui] sont reprochés ». Questionné par le tribunal, le prévenu explique que « ce trafic était organisé avec [son] ex-compagne ». Celle-ci a été condamnée dans une autre procédure.
Reste à savoir l’ampleur du trafic pour le tribunal. À cette question, le prévenu explique qu’il ne lui rapportait que « quelques centaines d’euros par mois ». Pourtant, le travail des enquêteurs de la brigade de recherches de la gendarmerie d’Avallon, tend à montrer que le prévenu exerçait des pressions auprès de ces consommateurs réguliers. Ces derniers, acculés par leurs addictions et aussi leurs dettes, acceptaient alors de jouer le taxi pour le fournisseur de marchandises. Problème : lorsqu’il est interpellé, l’homme est déjà en détention pour une autre affaire. Aucune perquisition n’ont pu être menée à son domicile.
À la barre ce jeudi 9 juillet, l’homme sème le flou. « Je ne me souviens plus » répète-t-il à plusieurs reprises alors que le tribunal lui demande d’être plus précis sur son rôle, mais surtout sur les quantités écoulées entre Clamecy et Avallon. Autre question que se pose le tribunal: « où trouviez-vous cette marchandise ». L’homme botte en touche en assurant que son fournisseur se trouvait à Avallon. Pourtant, son téléphone borne régulièrement à Bognolet (Seine-Saint-Denis) non loin de places connues pour leurs trafics en tous genres. Mais le prévenu a une explication : « ma mère habite là-bas. J’allais la voir régulièrement parce qu’elle était malade ».
Les réquisitions
Pour la substitute du procureur de la République d’Auxerre : « cet homme a un double visage. Il est à la fois inséré dans la société puisqu’il travaille et accumule les petits boulots pour avoir un revenu et, en même temps, il est capable de reconnaître ce trafic ». Mais ce qui l’inquiète le plus ce sont ces voyages :
« Près de 120 aller-retour entre Paris et l’Yonne entre avril 2018 et mai 2019. C’est environ 13 allers-retours par mois. Par ailleurs, sa compagne assure dans une de ses auditions qu’elle vendait entre 200 et 800 grammes de résine de cannabis par semaine. A cela s’ajoute aussi 100g de cocaïne vendus chaque semaine ».
SOPHIE GSCHWIND (Substitute du procureur de la République d’Auxerre)
Le parquet demande une peine mixte alliant 5 années de prison ferme, dont 12 mois de sursis probatoire durant deux ans, et un suivi judiciaire. Dans ce suivi, l’homme aurait l’obligation de suivre des soins psychologiques, de chercher du travail ou de suivre une formation. Par ailleurs, le parquet demande une peine complémentaire : une amende de 25.000 euros ainsi qu’une interdiction de paraître dans l’Yonne durant trois ans.
La phrase
Me Steeve Ruben, avocat au barreau de Paris, assure la défense du prévenu. Dès le début de sa plaidoirie l’homme frappe fort :
« C’est un dossier creux ! Il n’y a aucune saisie de marchandise ! On ne trouve même pas une once de montage financier ! Il n’a pas non plus de téléphone prépayé où il pourrait masquer son trafic! Non, ce dossier n’a aucune saveur ».
ME STEEVE RUBEN (Avocat)
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- Date: 9 juillet 2020
- Titre: L’Yonne Républicaine
- Auteur: Olivier Ceyrac
- Photo: Olivier Ceyrac
- Catégorie: Articles de presse