Un an de prison ferme. C’est la peine que devra purger David Boot, un mannequin hollandais de 26 ans arrêté pour possession et vente de drogue lors du festival Tomorrowland à l’Alpe d’Huez.
« Ne me renvoyez pas en prison. Donnez-moi une chance. Je vais changer de vie. Vous ne me reverrez jamais ici », supplie David Boot. À la barre, le mannequin hollandais ne retient pas ses larmes. Il fait raconter à son interprète ses deux semaines de détention provisoire à la prison de Varces. Les pires de sa vie. « Je ne parle pas français donc je ne pouvais pas communiquer. Les autres détenus ont cru que j’étais un violeur. Ils m’ont jeté des œufs. L’un d’entre eux a menacé de me tuer avec une fourchette ». Pas de quoi attendrir les juges qui le condamnent à un an de prison ferme à l’issue de l’audience. Le procureur en avait requis deux.
Un trafic bien ficelé
Les gendarmes n’ont pas fait une petite prise lorsqu’ils ont fouillé la voiture de David Boot. 193 grammes de cocaïne, 740 comprimés d’ecstasy, 26 cachets de MDMA, 44 cachets de LSD, 8,23 grammes d’amphétamines, 14 ampoules et 22 fioles de GHB, 154 grammes de kétamine, ainsi que 9.000 euros en liquide réalisés en une trentaine de ventes lors du festival de musique « Tomorrowland », à l’Alpe d’Huez. Les gendarmes avaient d’abord interpellé le dealer amateur en organisant avec lui un faux achat de stupéfiants via une application de messagerie cryptée. Il avait alors sur lui 0,7 grammes de cocaïne et trois comprimés de LSD.
Ce qui a mis les enquêteurs sur la piste de David Boot c’est un livret pour le moins stupéfiant. « Bobby’s Bible », un véritable guide d’achat rédigé par le prévenu à destination des consommateurs potentiels. En fin connaisseur, il y détaille les effets des drogues, la façon de les prendre, les risques et leur prix au gramme ou au cachet. « J’ai eu l’idée en rencontrant un dealeur qui faisait la même chose lors d’un festival à Mexico », explique le jeune homme. Diplômé d’école de commerce il a « appliqué ce qu’il a appris en cours, avec un certain succès », avance son avocat Me Philippe-Henry Honegger.
La présidente veut comprendre pourquoi ce jeune Hollandais au casier vierge s’est lancé dans un tel business. Réponse : il avait besoin d’argent pour réaliser un film sur le développement durable avec sa mère. Il s’est donc dit qu’il pourrait réunir la somme en fournissant le public du festival Tomorrowland. « Vous êtes un homme intelligent. Vous connaissiez les effets de vos drogues… » avance la magistrate. Lui-même, consommateur, avoue n’avoir jamais eu de problème avec les stupéfiants. « Je ne pensais qu’à l’argent que je pouvais me faire mais j’ai vu l’autre côté de la drogue en prison. Mon codétenu était accro à la cocaïne et du haschisch. Il était violent et en manque. J’ai décidé que je n’en prendrai plus ».
Je ne pensais qu’à l’argent que je pouvais me faire mais j’ai vu l’autre côté de la drogue en prison » – David Boot
Pour Me Honegger, la peine est bien trop lourde, mais il estime que la procédure d’appel serait trop longue pour bénéficier à son client. « Il peut bénéficier d’aménagements de peine, mais comme il est étranger ce sera très difficile pour lui. Il est possible qu’il doive passer un an en prison, je le crains », regrette-t-il à la sortie de l’audience.
Source : www.francebleu.fr
- Date: 29 mars 2019
- Titre: France Bleu
- Auteur: Nicolas Joly
- Photo: Radio France – Véronique Saviuc
- Catégorie: Articles de presse