Le procès d’un trafic de stupéfiants prévu mardi dernier a été renvoyé à cause d’un cas de Covid-19 chez une avocate. Ses deux confrères – dont Me Ruben – n’ont pas apprécié de l’apprendre au moment de l’audience : ils étaient spécialement venus depuis Paris et Valenciennes.
Tout était prêt pour juger trois hommes des Hauts-de-France accusés d’un trafic de stupéfiants entre Valenciennes et l’Espagne, pendant les mois de septembre et octobre 2020, jusqu’à leur arrestation au péage de Courcy par les douanes. C’était sans compter sur le Covid-19 qui a encore frappé. Ce mardi 29 mars au tribunal correctionnel de Reims, un avocat de Valenciennes et un de Paris sont tombés des nues quand ils ont appris que la troisième avocate avait été testée positive au Covid deux jours avant et qu’une demande de renvoi avait été adressée le lundi 28 mars au matin.
« La veille de l’audience, lundi, j’ai passé l’après-midi à la maison d’arrêt de Valenciennes avec mon client. Je trouve qu’il aurait été délicat de nous avertir. Je ne serais pas allé à Valenciennes », s’est plaint Me Steeve Ruben, du barreau de Paris, qui s’est dit « otage du système ».
Son confrère du barreau de Valenciennes, Me Bruno Pietrzak, n’a pu qu’acquiescer. « On a préparé le dossier avec notre client », a-t-il rouspété, avant de balayer du revers de la main la proposition d’une nouvelle date le 25avril. « Je ne suis pas disponible. J’ai un procès d’assises à la cour de Douai », alors que Me Ruben a indiqué qu’il était « en vacances à l’étranger », avec femme et enfants.
Confrontation, disjonction, protestation
Au-delà de ce manque de communication, c’est aussi l’argument du ministère public pour ne pas dissocier le procès et juger plus tard le prévenu dont l’avocate était absente, qui a mis en colère les deux avocats parisiens et valenciennois. « La juge d’instruction nous a refusé une demande de confrontation et aujourd’hui, le parquet indique qu’il ne souhaite pas de disjonction sous prétexte qu’il faut confronter les trois prévenus. Dans ce dossier, le traitement a été honteux! ».
Les deux avocats, dont les clients sont en détention depuis seize mois, ont donc demandé leur libération dans l’attente de leur procès. Une nouvelle date a été fixée en octobre et les deux prévenus remis en liberté sous contrôle judiciaire. Ils devront pointer trois fois par semaine à la gendarmerie la plus proche de leur domicile. Ils ont également interdiction de sortir de leur département, à savoir le Nord et le Pas-de-Calais. Une interdiction de contact a enfin été prononcée.
Du Nord à l’Espagne en passant par Reims
Le dossier concerne des faits de transport, détention, acquisition et importation de stupéfiants entre Valenciennes et l’Espagne, via le péage de Courcy sur l’A26 où les trois prévenus ont fini par se faire prendre le 16 octobre 2020. Ce mardi 29 mars, un seul comparaissait libre, celui dont l’avocate était absente. Natif de Denain, dans le Nord, il a fait un an de détention provisoire. Les deux autres, nés dans le Nord et le Pas-de-Calais, ont été remis en liberté après dix-sept mois sous les verrous. Les trois hommes ont reconnu leur implication dans le trafic et seront jugés le 4octobre.
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- Date: 2 avril 2022
- Titre: L’Union
- Auteur: Jean-Marie Cornuaille
- Photo: wal_172619 / Pixabay
- Catégorie: Articles de presse